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Abstracts

Bruno Leclercq (ULg) : « Sens et référence : topo historique et cahier des charges »

Petit topo historique sur différents modèles de la distinction sens-référence (compréhension/étendue pour Port-Royal, contenu/objet chez Bolzano, connotation/dénotation chez Mill, sens/signification chez Frege, sens conceptuel/dénotation objectuelle chez Russell, intension/extension chez Carnap, sens/désignation rigide chez Kripke, ...) en précisant le type d'expressions (et d'usages d'expression) dont ces modèles entendent prioritairement rendre compte (et le type de distinctions qu'ils cherchent à opérer), mais aussi en indiquant dans quelle mesure ces différents modèles sont plus ou moins liés chez ces différents auteurs à une hypothèse de transparence cognitive.

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Manuel García-Carpintero (Universitat de Barcelona) : « Do names semantically behave like common nouns ? »

I compare two metalinguistic accounts of names, predicativism and a presuppositional account I have been defending in the past years, on both of which the semantic contribution of N is (an elaboration of) *being called N*. Following early work by Burge, Delia Graf Fara and others have been advocating a predicativist account, on which names semantically behave like common nouns (Fara, *Philosophical Review* 2015). The presuppositional view on names I defend shares important features with these views, but it also differs in important respects. The presuppositional account I advocate incorporates both elements of 'metalinguistic' proposals and of Kripke's own causal-historical communication chain. On this view, a proper name *N* contributes *x* to the content of the main speech act made by the utterance including it given an associated ancillary presupposition, that *x**is**whoever or whatever is called N*. There is a connection with predicativist views here; but in my view we do not need as far as denying a purely referential, central use for proper names. My paper focus on the 'being called' condition, and argues that, properly understood, it goes against predicativism and in favor of the presuppositional form of referentialism I defend.

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Grégory Bochner (FNRS-ULB) : « Des propositions singulières aux mondes d'évaluation centrés - ou une histoire objective mais située des théories récentes de la référence »

Le but principal de mon intervention sera de brosser un historique orienté mais objectif de certains arguments devenus classiques contre la théorie Frégéenne du contenu et de la référence. Je repartirai de l'opposition fondamentale entre les approches de Frege et de Russell, ainsi que de la distinction introduite par Russell entre connaissance par accointance et connaissance par description. Je tâcherai ensuite de révéler l'existence d'un fossé entre des arguments classiques contre la théorie Frégéenne au XXème siècle et leur conclusion commune. Une proposition théorique inspirée des travaux de David Lewis sur les pensées indexicales deviendra progressivement saillante: la pièce manquante pour réconcilier des idées importantes mais apparemment antagonistes de Frege et Russell sur les relations entre contenu et référence est de reconnaître que la vérité de nos jugements empiriques peut dépendre de circonstances d'évaluation qui sont centrées sur des objets donnés par l'accointance. Il devient ainsi possible de maintenir avec Frege que les contenus sont purement généraux et jouent les rôles cognitifs, tout en admettant avec Russell (et les théoriciens de la référence directe) que les contenus sont vrais ou faux en fonction de référents empiriques.

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Isidora Stojanovic (Institut Nicod) : « Expressing Value-judgements in Context »

Aesthetic adjectives, such as, paradigmatically, 'beautiful' and 'ugly', have it built into their meaning that they are used in the expression of judgements of aesthetic value. However, very often, aesthetic judgements and, more generally, value-judgements are expressed by means of ordinary adjectives, such as 'intense' or 'insane'. This papers aims to explain how such adjectives can convey a value-judgement, which can be positive or negative depending on the context. In a nutshell, the proposed account relies on the fact that such adjectives are multidimensional and that the choice as well as the respective weights of the relevant dimensions may vary with the context. Thus in a context in which a negative dimension is brought to salience, the overall evaluation carried by the use of the adjective will likely be negative. This "semantic" approach is contrasted with "pragmatic" approaches that explain the context-sensitivity of valence by means of general conversational principles.

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Sébastien Richard (ULB) : « Significations subjective et objective dans la tradition autrichienne: Twardowski, Meinong, Husserl et Ingarden »

La philosophie contemporaine du langage est née en grand partie du rejet du psychologisme. Eu égard à la signification, cet anti-psychologisme s'est traduit par l'adoption d'une conception objective de la signification. Chez Frege, et dans la tradition analytique en général, cet objectivisme sémantique s'est longtemps accompagné d'un refus de la prise en compte de toute dimension subjective de la signification, la saisie du sens et des pensées objectives demeurant à jamais un mystère. Nous retrouvons ce même antipsychologisme et l'objectivisme sémantique qui en est le corrélat dans ce que nous appellerons la tradition brentanienne au sens large (qui comprend l'École de Brentano proprement dite, mais aussi la première phénoménologie dite réaliste et certains membres de l'École de Lvov-Varsovie), si ce n'est que dans cette tradition l'impensé de la philosophie analytique naissante, à savoir la dimension subjective de la signification, a d'emblée été placé au cœur de la réflexion sémantique. Cette situation est due en grande partie à l'orientation psychologico-descriptive adoptée par tous les membres de cette tradition.

Dans cette conférence, je m'attacherai à l'étude des théories de la signification développées par quatre membres de la tradition brentanienne étendue : Twardowski, Meinong, Husserl et Ingarden. Chacun de ces auteurs a apporté une solution originale au problème de l'objectivité de la signification, tout en tentant de l'articuler avec une dimension subjective. Ainsi, Twardowski fait de la signification le produit d'un certain type d'action, Meinong l'identifie à un objet, Husserl en fait une espèce idéale et Ingarden offre une synthèse des conceptions qui l'ont précédé, synthèse qui représente à bien des égards l'aboutissement ultime de la tradition brentanienne en matière de sémantique.

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François Recanati (Directeur de l'Institut Nicod) : « Les pensées *de se* et l'immunité aux erreurs d'identification »

Je soutiendrai, suivant Wittgenstein, que l'immunité aux erreurs d'identification est une propriété des pensées *de se* où le sujet n'est pas représenté « comme objet » mais intervient seulement « comme sujet ». Dans la deuxième partie de l'exposé je reformulerai cette idée dans le cadre de la théorie des fichiers mentaux.

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Valeriya Chasova (UCL) : « Transparence cognitive et contextes épistémiques »

Je me propose d'explorer la question de la transparence cognitive à partir du lien qu'il y a entre la philosophie du langage et la philosophie de la connaissance. Pour cela je présenterai plusieurs contextes épistémiques qui semblent présupposer une certaine position quant à la présence, absence ou possibilité de la transparence cognitive. Je discuterai également de la mesure dans laquelle ces cas concernent la transparence cognitive linguistique plutôt qu'épistémique. Cette démarche me permettra de formuler quelques desiderata qu'une théorie de la transparence cognitive devrait satisfaire étant donné les cas en question. (B1a)

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Filipe Drapeau Vieira Contim (EA 1270, Université de Rennes 1) : Ce que les noms descriptifs (ne) nous apprennent (pas)

Les noms descriptifs tels que « Jack l'Éventreur » ou « Neptune » (utilisé au temps de Le Verrier) posent un défi au théoricien de la référence directe dans la mesure où ils brouillent la distinction entre référence et description : d'un côté, leur référence semble déterminée par la

satisfaction d'une condition descriptive, au même titre que les descriptions définies ; de l'autre, ce sont des désignateurs rigides de jure dont on peut présumer qu'ils contribuent à exprimer des propositions singulières à propos de leur référent, à l'instar des noms propres ordinaires. Ce caractère hybride induit une conséquence paradoxale : l'introduction d'un nom descriptif permettrait de connaître a priori et sans effort des vérités contingentes à propos du référent. Je me propose de dissiper le paradoxe en m'appuyant sur une taxonomie des noms descriptifs.

Je distinguerai trois catégories de noms : les noms descriptifs proxys (« Julius », « Newman 1 »,...) dont la référence est à la fois fixée par description et connue par description ; les noms descriptifs singuliers (« Jack l'Éventreur », « Gorge Profonde »,?) dont la référence est fixée par description mais connue par accointance indirecte, via les traces du référent ; et enfin les noms pseudo-descriptifs (« Neptune ») auprès desquels les descriptions ne jouent, contrairement aux apparences, aucun rôle référentiel (fixation de la référence) ou cognitif (contenu des pensées). Je tâcherai de montrer que seuls les noms descriptifs singuliers combinent les traits sémantique et cognitif requis pour générer de l'a priori contingent. Je soutiens néanmoins que cette forme d'a priori contingent est inoffensive dans la mesure où l'on se contente de connaître a priori des contenus qu'il faut déjà connaître empiriquement pour comprendre un nom descriptif singulier. L'introduction d'un tel nom n'augmente donc pas notre connaissance du monde.

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Bruno Leclercq (Université de Liège) : « Arguments pour une théorie non descriptiviste de la référence. Ni Barack Obama ni Sherlock Holmes ne sont des objets meinongiens »

Le meinongianisme est solidaire d'une théorie descriptiviste de la référence. Chaque objet est caractérisé par l'ensemble de ses propriétés constitutives (ou « nucléaires »), et c'est cet ensemble de propriétés qui est la référence du terme singulier qui le désigne. Il en résulte que tous les jugements à l'égard d'un tel objet sont analytiques, à l'exception de ceux qui lui attribuent des propriétés extra-constitutives. En ce qui concerne plus particulièrement les personnages et objets de fiction, on dira alors que ce sont des objets incomplets, violant le principe de tiers exclu à l'égard de certaines paires de propriétés complémentaires, et éventuellement en outre qu'ils encodent plutôt qu'exemplifient leurs propriétés constitutives. Une telle conception, cependant, va à l'encontre de nos intuitions linguistiques : comme Barack Obama, Sherlock Holmes exemplifie ses propriétés (quoique dans un autre monde) et pas davantage que Barack Obama, Sherlock Holmes n'est un objet incomplet.

En partant de la différence des usages de re et de dicto des descriptions définies, nous identifierons un usage intermédiaire, l'usage de altro mondo, puis transposerons ce cadre pour penser la référence des noms propres, en ce compris les noms propres fictionnels dans leurs usages textuels, paratextuels et métatextuels (selon la distinction de Manuel Garcia-Carpintero).

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Neftalí Villanueva (Université de Grenade), « Penthouse Vs. Christian Radio. Relativism, expressivism, and reasonable disagreements »


We compare in this paper how three different families of theories -contextualisms, relativism (MacFarlane 2014), and expressivism (Chrisman 2007, Chrisman 2009) deal with the problem of lost disagreement (MacFarlane 2006), and discuss Finlay's 'found disagreement' (Finlay forth). We argue that current solutions to the problem of lost disagreement are inadequate -either they fall short, or they overstep the bounds of the phenomenon of disagreement. It is the aim of this paper to defend that any successful theory must accommodate cases in which speakers disagree even though they utter apparently compatible sentences. Sometimes speakers expressing compatible propositions can be said to agree, some other times they will disagree on the reasons for supporting their claims, and finally there will be cases where disagreeing speakers will express identical propositions. Some doubts are shed on the prospect of obtaining necessary and sufficient conditions for disagreement, able to accommodate both our intuitions on the phenomenon, and the potential presence of explicit markers of agreement or disagreement.

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Yves Bouchard (Université de Sherbrooke) : « Epistemic Contexts and Natural Deduction »

In this paper, I develop a Fitch-style natural deduction system (NDS) capable of expressing the core thesis of epistemological contextualism (EC). According to EC, knowledge should be interpreted as an indexical term, i.e. a term whose meaning is a compound of character and content. In that view, there are different types of knowledge and these types have different properties: some are more robust, more truth-conducive, some are more defeasible. Logical knowledge, scientific knowledge, perceptual knowledge, testimonial knowledge, ordinary knowledge all exhibit significant differences in their epistemic qualification processes. The need for a pluralist view on knowledge stems precisely from the variety of epistemic standards characteristic of different knowledge concepts. But such pluralism poses a special difficulty in terms of knowledge representation, in the field of artificial intelligence for instance, since it requires a coherent framework within which different concepts of knowledge may find an expression without putting at risk the possibility of exploiting knowledge-based systems by inference engines. I claim that knowledge representation can benefit from the expressive power of EC, while preserving classical inferential resources that can be made available through a NDS. In that perspective, an agent does not reason about knowledge per se, conceived univocally, but reason rather on the basis of specific types of knowledge, in accordance to specific rules allowing (or not) for the transposition of one knowledge type into another. The proposed NDS satisfies two epistemological constraints: (1) it allows for the differentiated expression of any concept of knowledge, and (2) it is explicit about the conditions under which a particular knowledge type can be transposed into another type. The general idea of this NDS takes his inspiration from the contextual logic developed by McCarthy and Buvǎc (1996, 1997) in artificial intelligence. Their contextual logic was devised to provide a formal method to disambiguate natural language predicates by means of a special operator, ist(c, p), that relates a proposition p to a context c in which p is true. This operator proves to be an useful resource to disambiguate a knowledge operator interpreted indexically, and, once embedded in a NDS, it provides a formal view on logical relations between contexts associated with knowledge operators (epistemic contexts). In the first part of the paper, I present the rationale of my proposal and the general framework of McCarthy and Buvǎc. In the second part, I define the rules for the introduction and the elimination of the knowledge operator, and I discuss four epistemological problems (introspection, zebra case, abominable conjunctions, and testimonial knowledge) in relation with theorems of the proposed NDS.

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Philippe Kreutz (ULB) : « Vérité et référence »

Cette présentation s'articulera autour de la vérité et la référence en tant que relations sémantiques. Les points de convergence et de divergence entre ces relations seront examinés,
de même que certains critères qu'une expression linguistique doit satisfaire pour être pleinement référentielle dans son rapport à la réalité.
Dans ce cadre, nous envisagerons les arguments de (Rosefeldt, 2008) et (Moltmann, 2013) contre deux thèses classiques:

(i) La complétive ("que Marie fume") d'un rapport d'attitude propositionnelle comme "Pierre croit que Marie fume" est un terme référentiel singulier qui réfère à une entité proposition

(ii) Une attitude comme la croyance est une relation entre un sujet de croyance et une proposition

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Philippe de Brabanter (ULB) : « Language-shifts, circumstance-shifts, context-shifts »

Dans la présente communication, j'examinerai un ensemble de phénomènes qui ont été décrits comme "language-shifts", "world-shifts" et "context-shifts", qui correspondent à des changements ou glissements dans des paramètres d'un contexte d'énonciation.

Ces changements sont normaux dans le Discours Direct:

(1) Et alors De Niro dit: "You talkin' to me?".

La citation est interprétée non pas par rapport au contexte de l'énonciateur de (1) (le "rapporteur"), mais par rapport au contexte du personnage de Travis Bickle joué par De Niro dans Taxi Driver. Notamment, les me et you ne réfèrent pas au locuteur et à l'allocutaire de (1) mais à Travis Bickle et au personnage imaginaire auquel il s'adresse dans le film.

Ces glissements ne posent pas de problèmes particuliers dans le DD, parce que les mots cités sont isolés, syntaxiquement et sémantiquement, de la phrase dans laquelle ils apparaissent. Plus intéressants sont les exemples où un segment cité entraîne un shift alors même que ce segment fait partie intégrante, syntaxiquement et sémantiquement, de la phrase dans laquelle il est enchâssé. J'illustre au moyen d'un changement dans le paramètre langue:

(2) Although the authors insist that "Les chiffres ont leur éloquence", they are also careful to point out how their sample is skewed in a number of ways. (TLS, 1990)

Mon analyse de ces exemples prendra comme point de départ l'une des analyses proposées par Recanati dans on Oratio Obliqua, Oratio Recta (2000). Cette analyse s'inscrit dans une sémantique telle que celle préconisée par Kaplan (1989, "Demonstratives"), avec certains aménagements. Brièvement, le cadre kaplanien fait la distinction entre le "caractère" d'une expression, son "contenu", et la circonstance "à" laquelle l'expression est évaluée. Le caractère (proche du sens conventionnel) est une fonction qui, étant donné un contexte, livre un contenu. Le contenu, lui-même, est une fonction qui, étant donné une circonstance d'évaluation, livre une extension (une valeur de vérité dans le cas d'une phrase).

Une idée centrale de l'analyse de Recanati est que les shifts illustrés ci-dessus se produisent à un niveau "pré-sémantique" de l'interprétation des phrases qui les contiennent, niveau qui détermine l'input de la "machinerie sémantique" de Kaplan. En bref, l'input doit être une phrase d'une langue L, débarrassée de ses éventuelles ambiguïtés. J'explorerai également les difficultés potentielles que ces exemples suscitent pour une version moins classique du cadre kaplanien où le contenu est entièrement descriptif.

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Grégory Bochner (FNRS/ULB) : « Quand dire, c'est (aussi) montrer. Vers un externalisme pragmatique »

Dans cet exposé, je proposerai les bases d'une théorie nouvelle du sens et de la référence dans les langues naturelles, que j'appellerai externalisme pragmatique. Selon cette théorie, inspirée de John Austin, le dire est indissociable du montrer : dire quelque chose (accomplir un certain acte illocutoire), c'est (typiquement) le dire de quelque chose d'autre qui n'est pas dit mais montré. Ce qui est dit (en un premier sens incomplet), c'est un contenu. Ce dont on le dit, c'est (au moins pour les énoncés empiriques) une situation concrète à laquelle on se réfère tacitement, un environnement extérieur duquel on entend parler (un individu, un lieu, un moment, le monde entier). Au sens complet, ce qui est dit par un énoncé (empirique) comporte un aspect descriptif (le contenu) et un aspect environnemental (la situation). Ce qui est dit (en ce sens complet) est vrai si et seulement si la situation indiquée satisfait le contenu descriptif. Le contenu joue le rôle du sens, la situation celui de référent.

L'externalisme pragmatique identifie trois thèses problématiques dans la sémantique traditionnelle issue des philosophes du langage idéal et des logiciens : le symbolisme, selon lequel tout élément qui figure dans les conditions de vérité d'un énoncé a été déterminé au travers de règles sémantiques conventionnellement associées à une expression locale dans la phrase énoncée ; le descriptivisme, qui dit que le mécanisme par lequel une expression linguistique se voit associée à un individu ou une situation dans le monde est toujours satisfactionnel et jamais causal ; et le propositionnalisme, d'après lequel tout énoncé a pour contenu une proposition qui détermine un ensemble de mondes possibles.

Je soutiendrai que même les sémantiques classiques qui tentent de se conformer aux exigences modernes de l'externalisme se heurtent à des problèmes d'analyse insurmontables (l'indexical essentiel, les usages référentiels des descriptions, les constituants inarticulés, la sémantique des démonstratifs) en raison de leur subordination à des présupposés internalistes et intellectualistes : au lieu de distribuer les ingrédients de ce qui est dit sur les deux niveaux que sont le contenu et l'environnement externe visé par le locuteur, elles cherchent (i) à déterminer des référents externes depuis l'intérieur du langage (en partant des règles conventionnellement associées aux mots) pour ensuite (ii) les internaliser dans le contenu. L'externalisme pragmatique renverse l'ordre d'explication : la référence est donnée (gratuitement) par la pragmatique avant que la sémantique ne commence à en construire des re-présentations capables d'être vraies ou fausses. Au lieu de supposer que les phrases et leurs contenus sémantiques ont pour mission de trouver les référents et les situations concrètes dont nous parlons, on considère que ce sont des facteurs essentiellement pragmatiques tels que l'histoire des états mentaux du locuteur qui assurent la liaison causale au monde extérieur, avant même que la phrase ne soit énoncée et donc, finalement, indépendamment du langage.